Scandale du chlordécone. Une alerte venue de Bretagne.
Qui n’a pas entendu parler de la pollution des eaux bretonnes par les nitrates et les pesticides. Qui ne sait, à présent, que le problème est général sur l’ensemble du territoire français où plus des 3/4 des ressources sont contaminées à des degrés divers. Pourtant c’est à des milliers de kilomètres de l’hexagone qu’il faut aller chercher les exemples les plus dramatiques de territoires contaminés : dans les paradis ensoleillés de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane ou de la Réunion.

Une cargaison de patates douces a alerté la métropole en Octobre 2002. A cette date les fonctionnaires de la Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) ont arrêté, sur le port de Dunkerque, une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique et contenant des quantités importantes de Chlordécone. Cet insecticide extrêmement toxique utilisé sur les exploitations de bananes est pourtant interdit depuis 1993. Le fait que les habitants de la Martinique aient consommé ces tubercules depuis de nombreuses années n’avait alerté personne mais qu’ils arrivent sur le marché de Rungis et voilà le scandale dévoilé !
Pourtant l’information sur cette pollution était connue depuis bien des années. L’année précédente, un rapport particulièrement documenté sur la pollution de l’eau et des sols en Guadeloupe aurait mérité, lui aussi, une mobilisation médiatique.
Une alerte venue de Bretagne
Etant en 2003 membre du Comité National de l’Eau, j’ai eu l’occasion de rencontrer deux représentants du Comité de Bassin de la Guadeloupe venus présenter le “Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux”, adopté par le Comité de Bassin le 19 juin 2003 et approuvé par le Préfet le 25 juillet 2003. La présentation, sans doute considérée comme une formalité administrative par la plupart des membres du Comité, n’avait attiré que peu de commentaires de leur part. Cependant un passage de leur exposé avait attiré mon attention. Il y était question de pollution par les pesticides. Très mobilisé sur la question des pesticides en Bretagne je découvrais de nouvelle molécules, chlordécone, dieldrine, HCH, et risquait une question à leur sujet. Ayant abordé les représentants de la Guadeloupe à la fin de la séance, pour plus d’informations, ils me confiaient le rapport imprimé qu’ils avaient présenté.