Quelle protection de la population en France après la fin du mythe de la “dissuasion nucléaire” ?
« Depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé et d’une agression du sanctuaire national doit être sérieusement envisagée », estime Hubert Bonneau, directeur général de la gendarmerie nationale. (Le Monde)
Il faut d’abord retenir de cette déclaration, d’un haut gradé de l’institution militaire, le constat de la fin du mythe de la “dissuasion nucléaire” supposée exclure toute menace visant notre territoire. Reste à savoir quel pourrait être le rôle de la gendarmerie dans ce cas. Combattre l’ennemi ou contrôler la population, en particulier celle habitant près des cibles potentielles.
Cibles ? Comment ne pas penser à Brest, son port de guerre et son industrie de l’armement, ainsi qu’à la base de sous-marins nucléaires de l’Île-Longue.
Sans penser à l’apocalypse que serait une frappe nucléaire, la guerre en Ukraine nous montre la puissance des armes dites “conventionnelles” de l’arsenal moderne et leur usage contre les populations civiles sous couvert d’objectifs militaires
Différence avec la France. La population de l’Ukraine dispose encore des abris construits sous l’époque soviétique et en construit de nouveaux, en particulier avec l’aide, bien venue, de la protection civile française.
Nos stratèges de la dissuasion nucléaire ont, par contre, choisi de ne pas protéger la population française. Ce ne sont pas des pelotons de gendarmerie qui protègerons des drones, obus et missiles balistiques de la guerre “moderne”. Armes dont la France est une des principales exportatrice.
Des abris de la protection civile bientôt aussi en France ?

Pour la situation en France Lire :
Extrait du rapport Marcellin 1981 :
“Le principe de la doctrine de dissuasion est de persuader un agresseur qu’une action militaire d’ampleur de sa part risquerait de déclencher des représailles nucléaires au cœur même de son propre territoire et d’y provoquer des dégâts matériels et des pertes en vies humaines hors de proportion avec le bénéfice escompté.
La logique de cette stratégie conduit non seulement à ne pas s’organiser en vue d’une éventuelle agression nucléaire mais à considérer que le faire serait porter atteinte à la crédibilité de la dissuasion.”.
“les méthodes de déstabilisation interne des États ne seraient-elles pas d’une efficacité redoutable à l’égard d’États modernes vulnérables à la mesure même de leur développement ? Notre doctrine de défense permettrait-elle de faire face à ce genre d’agression éventuellement combinée avec une stratégie indirecte à tarir nos sources d’approvisionnement en énergie et en matières premières ?”
“une population qui se sentirait dépourvue de protection serait psychologiquement vulnérable à l’action d’agents subversifs capables de provoquer et de contrôler des mouvements de foule en vue d’empêcher le responsable de faire jouer la stratégie de la dissuasion”