GESPER ou l’art de manipuler les chiffres.

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Par , 22 mai 2015 10 h 25 min

Les partisans de la centrale de Landivisiau qui se présentent sous la dénomination de GESPER sont attentifs à nos publications. C’est ainsi qu’ils convoquent une conférence de presse pour contester les chiffres de l’article de S-eau-S qui prouvent une stagnation puis même une récente diminution de la consommation d’électricité en Bretagne.

voir : Consommation électrique en baisse en 2014 en Bretagne. Centrale inutile.

Les courbes que nous avions publiées, issues des rapports officiels de RTE et du Pacte électrique breton, le prouvent pourtant de façon incontestable.

D’abord celle de RTE :

Ensuite celle du Pacte :

D’où cette dernière courbe qui prouve que nous consommons moins que la plus optimiste des prévisions du Pacte.

Cette constatation n’est pas du goût des représentants de Gesper qui se sentent obligés de tenir une conférence de presse pour venir au secours de Le Drian.

“Le Pacte électrique breton n’a pas besoin d’être révisé car la consommation n’est pas en baisse par rapport à ce qui était prévu” osent-ils affirmer.

Et comme il faut bien noyer le poisson ils nous sortent un argument qu’ils voudraient massue :

Les chiffres de RTE “ne prennent pas en compte les pertes d’électricité en chemin, du site de production au bout de la ligne” !

C’est vrai RTE ne donne que les chiffres de consommation et le Pacte tel qu’il a été présenté au conseil économique et social et tel qu’il a été voté, ne prévoit lui-même que la consommation. Car la consommation c’est ce qui est consommé, pas ce qui est perdu.

Nos courbes sont incontestables et cette histoire de “pertes en lignes” est une façon de voler au secours du Pacte qui tourne au ridicule !

Notons cependant un aveu de la part de nos contradicteurs :

« Si on compare avec une année “normale” la diminution n’est que de 0,7 % » disent-ils.

Il ne peuvent donc le nier, il y a effectivement un baisse de la consommation et leur façon de manipuler les chiffres ne prouve qu’une seule chose : ils sont conscients de la faiblesse de leurs arguments.


Alors n’hésitons pas à le répéter : il faut revoir le Pacte électrique breton !

De Plogoff à aujourd’hui, les luttes contre les grands projets inutiles et imposés en Bretagne.

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Par , 18 mai 2015 11 h 04 min

Les jeunes écologistes bretons organisaient un week-end de réflexion à Trémargat pendant quatre jours, du jeudi de l’Ascension à dimanche, à l’occasion de leur forum annuel.

Trémargat jeunes écologistes.

La soirée de vendredi, ouverte à tous, se déroulait sur le thème « De Plogoff à aujourd’hui, les luttes contre les grands projets inutiles et imposés en Bretagne ». Elle était animée par Gérard Borvon, militant engagé de longue date dans les luttes écologistes.

Des ateliers de réflexion

Par ailleurs, plusieurs ateliers étaient proposés au cours de ces quatre journées pour tenter de répondre à plusieurs questions afin de faire avancer le débat : quelle agriculture voulons-nous pour demain ? Où en est la protection de la biodiversité en Bretagne ? C’est quoi être élu local en milieu rural ? La désobéissance civile permet-elle de faire changer les choses ?…

Le télégramme

Note : A été largement évoqué, le projet de centrale électrique à gaz à Landivisiau.

Landi. manif Landivisiau 11 avril 2015 001

Centrale gaz de Landivisiau (29). EELV interpelle le Président de la République.

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Par , 13 mai 2015 11 h 08 min

L’autorisation d’exploiter la centrale gaz prévue à Landivisiau que vient de délivrer le préfet du Finistère est un bien mauvais signal à quelques mois de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat à Paris.

Publié le 12 mai 2015 dans EELV BZH

Landi.18 octobre.02

EELV rappelle que le Président de la République dans son discours à la conférence environnementale du 27 novembre dernier déclarait :

– ” réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030 et de près de 60% en 2040. Encore faut-il s’en donner les moyens. Fixer des objectifs, ce n’est pas le plus difficile ; mettre en place des instruments, c’est là que l’on juge une politique ».

– « …la trace que nous allons laisser, tous ensemble, c’est un accord historique sur le climat et, je l’espère, une exemplarité́ en matière de transition énergétique ».

En Bretagne, la politique de l’Etat et de la Région est donc totalement contraire à ces objectifs et la trace laissée sera celle du CO2 et des particules fines.

François Hollande y déclarait aussi : « Nous veillerons au niveau européen à faire en sorte que nous puissions supprimer, à terme, les subventions aux énergies fossiles. » Or, ce sont 40 millions pendant 20 ans qui seront prélevées sur les factures de tous les français et attribuées à Direct Energie.

Enfin, EELV s’étonne que le PDG de Direct Energie se félicite de la qualité de l’étude d’impact et de la concertation, car sur ces 2 points :

– nous n’avons jamais reçu de réponse à notre courrier adressé à Air Breizh fin septembre 2014 dans lequel nous soulevions l’insuffisance de l’étude d’impact sur la qualité de l’air,

– un débat public contradictoire garantissant l’équilibre d’information et de débat entre les partisans et les opposants n’a pas pu être organisé. L’opération marketing de Direct énergie est loin du chantier sur la démocratie participative lancé à cette même conférence par le Président.

La France compte déjà trop de centrales à gaz, puisque certaines sont à l’arrêt ou « mise sous cocon », et la consommation de la Bretagne est inférieure à celle prévue dans le Pacte électrique breton. EELV appelle le président Hollande à mettre en application ses paroles dans le cas de cette centrale gaz.

Anne-Marie Boudou, Janick Moriceau et Yannik Bigouin, conseillers régionaux

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René Louail et Gwenn Le Potier, binôme tête de liste d’EELV aux régionales en Bretagne .

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Par , 3 mai 2015 9 h 33 min

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Les militants d’Europe Écologie Les Verts, réunis ce week-end à Carhaix (29), pour les Journées régionales de l’écologie, ont élu le binôme chef de file en Bretagne pour les élections régionales. Les 138 votants ont choisi René Louail et Gwenn Le Potier. Il appartiendra au conseil fédéral d’EELV, réuni le week-end prochain à Paris, de décider in fine de déterminer laquelle des deux personnalités sera le chef de file du parti pour la Bretagne. « C’est une manière de garantir la parité pour les chefs de file sur l’ensemble du territoire », précise Michel Forget, secrétaire régional d’EELV. René Louail, conseiller régional sortant, président du groupe EELV à la Région, ou Gwenn Le Potier, élue à Locmiquélic (56), sera donc le chef de file des Verts en Bretagne. « Chef de file ne veut pas forcément dire tête de liste », précise Michel Forget.

Ouverture vers la société civile

Outre désigner ses chefs de file, EELV a également défini sa stratégie pour ces élections régionales. Michel Forget insiste sur la volonté d’ouverture, dans un premier temps vers la société civile, « en s’appuyant sur le réseau associatif » et dans un deuxième temps vers d’autres formations politiques. « Des alliances avec le Front de gauche, le Parti de gauche, le Parti communiste ou l’Union démocratique bretonne ont été expérimentées lors des élections départementales », rappelle le secrétaire régional d’EELV.

Candidatures validées en septembre. Et quid du Parti socialiste ?

En 2010, les dirigeants du PS et ceux d’Europe Écologie n’avaient pas réussi à trouver un accord pour faire l’union au second tour. Les militants d’EELV ont peu goûté une sortie de Jean-Yves Le Drian (*) et certains n’ont pas manqué de le rappeler hier. « Il n’y a pas eu d’autre déclaration du Parti socialiste », observe Michel Forget, avant d’ajouter. « Quand on envisage l’ouverture, on n’exclut personne, surtout s’il a péril d’une droite dure et radicale ». EELV organisera des assemblées générales en juin pour constituer des listes par département. Les candidatures seront ensuite validées en septembre lors d’une assemblée générale régionale.

* Dans une interview début février, à Paris Match, Jean-Yves Le Drian avait déclaré que s’il se décidait d’y aller (aux Régionales, NDLR) « ce sera sans les Verts ».

[Le Télégramme]

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Au Président de la République : pour une exemplarité en matière de transition écologique, renoncez au projet de centrale électrique à gaz à Landivisiau.

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Par , 30 avril 2015 9 h 37 min

Ci-dessous, un communiqué de S-eau-S

Au moment de la visite à Brest du président François Hollande nous souhaitons lui rappeler les propos qu’il a tenus le jeudi 27 novembre, depuis l’Elysée, à l’occasion de la Conférence Environnementale 2014. Concernant la “Conférence Mondiale pour le Climat” qui sera organisée à Paris en décembre 2015, il a affirmé :

“La trace que nous allons laisser tous ensemble c’est un accord historique sur le climat et, j’espère, une exemplarité en matière de transition écologique”

Comment cet engagement pourrait-il être tenu si le gouvernement s’obstine à vouloir construire à Landivisiau une centrale électrique à gaz émettrice de gaz à effet de serre et de polluants divers.

Ou encore, comment comprendre les 40 millions annuels de subvention attribués à Direct Energie quand il déclare : “Nous veillerons au niveau européen à faire en sorte de supprimer à terme les subventions aux énergies fossiles”.

Que dire de ses propos concernant la “démocratie participative”, invitant les élus à accepter des référendums locaux. “Cela vaut toujours mieux, a-t-il dit, que le fait accompli ou que l’enlisement” en ajoutant que “Un mauvais projet doit être arrêté rapidement”. Rappelons que tout débat public a été refusé aux associations qui le demandaient pour le projet de Landivisiau.

Préservation de la qualité de l’air, refus de subventionner les énergies fossiles, crédits pour les énergies renouvelables, adoption de règles démocratiques, tout cela plaide contre le projet de construction d’une centrale électrique à gaz à Landivisiau.

Le président de la république, s’il souhaite être crédible, ne peut que demander à son gouvernement, de prendre “rapidement” la décision de suspendre ce projet.

Association S-eau-S

Membre du collectif d’associations opposées à la construction d’une centrale électrique à gaz à Landivisiau.

Son discours :

Extraits :

“La compétitivité, je revendique ce mot, la compétitivité, elle se jouera de plus en plus sur le respect de l’environnement. Etre en avant-garde sur l’écologie c’est disposer d’un avantage comparatif dans la mondialisation. C’est gagner du temps. C’est gagner de l’espace. C’est gagner aussi de l’influence.

C’est dans ce sens que nous devons tous nous retrouver dans cette ambition. C’est pourquoi la conférence sur le climat elle se prépare aujourd’hui, ici même, avec cette volonté, celle que vous avez exprimée de vouloir aller vers un accord. Vers un accord qui puisse être historique. Un accord à la fois contraignant. Qui puisse être global et qui puisse être fixé pays par pays.

On me demande à partir de quand j’ai eu cette prise de conscience.

A partir du moment où je suis arrivé aux responsabilités du Pays. Parce que, à un moment, il faut aussi laisser sa trace. Et la trace que nous allons laisser, tous ensemble, c’est un accord historique sur le climat et j’espère une exemplarité en matière de transition énergétique.”

La vidéo pour la totalité du discours :

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Le texte du discours

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1865, quand le train arrivait à Landerneau.

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Par , 24 avril 2015 11 h 46 min

Le 25 avril 1865, un train arrivait pour la première fois dans la gare de Landerneau.

En 1990, pour ses 125 ans, un groupe de Landernéens (Gérard Borvon, François Cavarec, Paul Péden, Robert Perrot) avait célébré l’évènement à l’occasion d’une exposition et de l’édition d’une plaquette.

Nous en donnerons ici de larges extraits à un moment où une menace pèse sur la ligne Landerneau-Quimper. Espérons ne pas voir bientôt annoncé le dernier jour où le train de Quimper arrivera à Landerneau. Ou même le jour où la gare elle-même sera supprimée comme le souhaitent les partisans d’une nouvelle ligne TGV qui la shunterait. (voir : Lignes TGV. La gare de Landerneau hors-circuit ?)

01-Couverture
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C’est au début de l’année 1988 que la rumeur s’est faite persistante à Landerneau : avec l’arrivée du TGV, la vieille gare allait devoir céder la place.

La gare… Avec elle tant d’images allaient disparaître. L’attente frileuse des travailleurs de l’arsenal aux matins d’hiver, celle plus chahuteuse des étudiants et lycéens – le passage à niveau et le jeu de “passera-passera pas” avec le (ou la) garde barrière. Des souvenirs plus anciens également ; le train des Brestois réfugiés pendant la guerre ou encore les convois joyeux du “petit-train” entre Landerneau et Brignogan. Et même en remontant plus loin, ce jour d’avril 1865 où pour la première fois un panache de fumée traversa le ciel de notre ville.

C’est une trace de ce souvenir que nous voulons conserver ici. Le pont de Plouédern à la belle architecture a été remplacé. Le passage à niveau s’est fermé pour une dernière fois. Nous avons accompagné l’agonie du poste d’aiguillage mais à l’heure où cette plaquette sort des presses la gare est toujours debout, refusant de nous livrer le témoignage de sa disparition.

Un chapitre, donc, manque à notre livre mais nous n’en avons aucun regret. Nous n’offrirons pas à nos lecteurs les dernières photographies de l’un de nos plus anciens édifices publics mais nous espérons leur donner l’envie d’accorder à notre gare un peu plus qu’un dernier regard distrait.

Paul Péden, Robert Perrot, François Cavarec, Gérard Borvon

Comme beaucoup d’autres, cette histoire commence par une pétition.

En cette année 1846 les autorités politiques décident que le moment est venu de doter la France d’un réseau ferré. Deux lignes reliant Paris à Tours et à la frontière belge ont révélé l’intérêt réel du Chemin de Fer. En dehors de ces deux lignes on ne peut alors compter que quelques tronçons dans la vallée du Rhône et une courte voie alsacienne. C’est donc un programme d’envergure nationale qui mobilise le Gouvernement et les Chambres en cette année 1846, et d’abord s’impose le choix des priorités. Le prolongement jusqu’à Nantes de la ligne d’Orléans, le lancement des voies vers Grenoble et Limoges sont envisagés mais les Pairs et Députés de Bretagne doivent mobiliser l’opinion publique. Dans une pétition adressée à tous les maires bretons, Y.Dutertre, J. de la Grange, M.Desmousseaux de Givres, tous quatre membres de la Chambre des députés, informent leurs concitoyens des complots qui se trament à la Chambre :

“Les intérêts des populations de l’Ouest… ont fléchi devant la puissance des compagnies financières. Pour satisfaire ces compagnies… on veut imposer à la Bretagne, à la Normandie, à l’Ile-de-France, des sacrifices dont le mémoire de M.Robinot vous mettra à même de mesurer l’étendue.

La Chambre des Députés, au sein de laquelle de nombreuses et puissantes sympathies nous sont acquises, n’a pas encore sanctionné le projet ; et si les populations font entendre leur voix énergique, nous devons espérer qu’elle l’amendera dans l’intérêt du Pays.

Il faut donc que, de tous les points des départements de l’Ouest, des pétitions et des réclamations, appuyées au besoin par des commissions locales envoyées à Paris, viennent dénoncer à l’avance le péril des intérêts légitimes, et solliciter la justice du Gouvernement et des Chambres.”

Terminus à Landévennec ?

Cette pétition retrouvée dans les archives de la ville de Landerneau aura certainement reçu un bon accueil mais ce 11 mai 1846 le Chemin de Fer pose à Ameline de Cadeville, maire, et à son conseil, un problème d’une autre nature. Si une voie ferrée doit desservir la Bretagne, le projet retenu envisage de choisir Landévennec comme terminus ! Grand désespoir des élus landernéens qui s”empressent de pétitionner à leur tour pour exiger que le train rejoigne Brest par Landerneau :

“Dans le moment où les Chambres s’occupent de la question des Chemins de Fer de l’Ouest, le Conseil émet le voeu que ce chemin soit prolongé de Rennes à Brest directement et non en passant par Landévennec. Le tracé par Landévennec occasionnerait un retard qui équivaudrait à une partie notable du parcours de la route directe de Rennes à Brest, retard que l’on éprouverait toujours pour débarquer et réembarquer la marchandise qui obligerait à la dépense permanente d’un bateau à vapeur entre Landévennec et Brest, lieux entre lesquels il y a souvent impossibilité totale de communication pendant le mauvais temps. Ce motif lui semble plus que suffisant pour l’adoption du tracé qui passerait par Landerneau”.

Heureux temps où le décideur parisien pouvait encore imaginer de musarder à travers la Bretagne intérieure jusqu’à la presqu’ile de Crozon pour rejoindre ensuite Brest au rythme lent des roues à aube.

La destinée d’une pétition est de finir au fond d’une corbeille à papier ou dans l’obscurité d’un tiroir… Il faudra presque vingt ans pour que le premier panache de vapeur passe dans le ciel landernéen, vingt ans de sursis pour la diligence qui, chaque jour, reliait Brest à Paris ; vingt ans encore pour le bateau à vapeur qui faisait la navette sur l’Elorn.

LE TEMPS DES DILIGENCES

Relisions Jehan Bazin et partageons avec lui la nostalgie d’images anciennes :

Depuis la création de la Poste aux chevaux, c’est la diligence qui, à partir de 1776, relie Landerneau à la capitale. Grande et lourde voiture à quatre roues, traînée par cinq chevaux. Elle était partagée, dans la longueur, en trois compartiments : en avant le “coupé”; compartiment de 1ere classe pour trois voyageurs, au milieu l'”intérieur” compartiment de 2nde classe pour six voyageurs et, en arrière la 3e classe, la “rotonde” avec huit places.

Le dessus de la voiture formait fourgon où les bagages étaient entassés sous une bâche.

Deux fois par jour la diligence de Paris s’arrêtait sur le quai de Léon à 10 heures du matin et à 8 heures du soir. Le postillon portant guêtres blanches, gilet rouge et chapeau galonné, sonnait de la trompette et le “Tout-Landerneau ” se précipitait aux nouvelles de Paris.

Des courriers reliaient aussi, bien entendu, Landerneau aux villes environnantes : Morlaix, Carhaix, Le Faou, Lesneven et Brest.

Un voyage de Brest à Paris durait à peine plus de deux jours (53 heures exactement) avec comme seule vraie halte un repos de 5 heures à Alençon.

Les diligences ne survivront pas au Chemin de Fer, il faudra quelques jours pour que les horaires des entreprises Jaouen, Boursicaut, Mazurié et autres disparaissent des colonnes de l'”Océan”, journal brestois alors en vogue.

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Les dernières diligences et leurs trois compartiments.

SUR L’ELORN EN BATEAU A AUBES

Une gravure du “Voyage dans le Finistère” de Cambry témoigne de la présence dans le port de Landerneau, en 1835, d’un bateau à vapeur et de ses roues à aube. En 1864 le service existait encore et un vapeur quittait Brest chaque jour pour Landerneau suivant un horaire qui variait “suivant la marée”. L’arrivée du train lui vaudra une nouvelle carrière. Le “vapeur” se lancera dans un tourisme précurseur et sera le transport des jours de fête. Le service désertera l’Elorn mais se renforcera vers la presqu’île, reliant effectivement Landévennec à Brest mais dans le sens inverse de celui initialement prévu.

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Bateau à vapeur et ses roues à aube dans le port de Landerneau

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ENFIN LE TRAIN

On imagine sans difficulté les longues discussions qui ont précédé le choix définitif d’un tracé pour la voie bretonne. Trois projets s’affrontaient : l’un économe par le centre de la Bretagne, l’autre par le Sud, le dernier par le Nord. C’est finalement ce troisième tracé qui l’emporte : solution plus coûteuse c’est également la plus judicieuse. Des ports comme Saint-Brieuc et Morlaix sont desservis, de riches régions agricoles comme le Trégor et le Léon sont traversées, rapprochant le poisson et les primeurs de la capitale. Le service voyageur lui-même s’avère prometteur dans la mesure où la voie longe le littoral de la Manche.

Le tracé définitif est arrêté le 3 août 1853. Son descriptif fait mention des précisions suivantes : “Dans le Sud de Landivisiau, on se dirige de manière à franchir la rivière de l’Elorn ou de Landerneau, et à se placer sur le coteau de la rive gauche de cette rivière, un peu au Nord de Lavalo. On se dirige par le bois de Kerfaven, par Pont-Christ et par La Roche-Maurice. À 600 mètres avant d’arriver à Landerneau, on traverse l’Elorn et la route impériale n° 12 en aval du moulin de Traon Lebern. On passe la ville à 100 m dans le Nord, on se rapproche de la rivière en se dirigeant au Sud du château de La Forest… ”

Les travaux et l’exploitation de cette ligne sont confiés à la Compagnie de Chemins de Fer de l’Ouest. Au même moment un projet de construction d’une voie ferrée entre Nantes et Quimper est retenu, avec un prolongement vers Landerneau. Cette ligne sera à la charge de la Compagnie de Paris à Orléans et sera inaugurée le 16 décembre 1867.

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En 1860 la Bretagne est encore un désert ferroviaire.

LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION

Les expropriations

Le passage de la voie à Landerneau donne lieu, comme ailleurs, à des expropriations. Quelques procès également : une loi du 15 juillet 1845 stipulait que les constructions recouvertes de chaume devaient être situées à plus de 20 mètres du rail, sous peine d’être démolies. Un seul propriétaire se montre récalcitrant, il refuse de recouvrir sa construction (une bergerie) d’un matériau ininflammable. Le tribunal tranche : la bergerie est démolie…

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La réalisation

Les premiers cheminots que les Landernéens ont vu au travail ont été les géomètres. Le peintre landernéen Yann D’Argent y fera ses premiers pas des dessinateur par des relevés topographiques (voir). comme  Aux abords immédiats de la ville, aucune difficulté particulière ne s’est présentée. Le terrain est relativement plat, les dénivellations ne sont guère prononcées.

Par contre, le long de l’Elorn, aux environs de Kerfaven, un gros problème doit être surmonté. La voie doit passer entre le lit de la rivière et une colline de roche dure, un tunnel serait judicieux mais coûteux. On décide donc de dévier le lit de l’Elorn. II faut remarquer que le tronçon Landivisiau-Landerneau est le plus sinueux de toute la ligne Paris-Brest à cause, justement, des méandres de l’Elorn.

On pouvait distinguer deux types de chantiers : les travaux “à poste fixe” et les travaux réalisés “sur le terrain”. Des ateliers accueillaient les travaux à poste fixe. Ceux-ci étaient installés en différents points de la voie. Divers corps de métier s’y côtoyaient : des tailleurs de pierre, des menuisiers, des forgerons, des charrons…

C’est à proximité de ces ateliers qu’étaient installés les logements provisoires de la population du Chemin de Fer. Un atelier avait été ouvert à Landerneau. La ville a ainsi connu les premières retombées économiques du rail. Les matériaux, les outils … étaient achetés sur place et les ouvriers et leurs familles s’approvisionnaient dans les commerces locaux.

La réalisation de ces gigantesques travaux de terrassement mettait en œuvre les moyens les plus modernes de l’époque : pelles, pioches, tomberaux tirés par des chevaux ou des bœufs ! Autant dire que le chantier n’avançait par bien vite, même si la main-d’œuvre était nombreuse. Un arrêté préfectoral autorisait le travail le dimanche.
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travaux de terrassement

Les ouvrages d’art avançaient au même rythme que les terrassements, on montait également les bâtiments. Le corps principal de la gare de Landerneau était achevé dès 1862. C’est la gare de type classique sur cette voie. Elle ressemble comme une sœur à celles de Lamballe, Morlaix…

Début 1865 tout était achevé et le train inaugural pouvait quitter Guingamp le 25 avril pour rejoindre Brest.

L’inauguration

Les archives landernéennes sont très discrètes sur cet événement. Un conseil municipal s’était réuni quelques jours plus tôt, il n’y est fait aucune mention de l’arrivée proche du train. Le problème qui mobilise la municipalité est alors la mendicité. L’économie locale n’était déjà pas très florissante mais l’arrêt du chantier de la voie ferrée a pour effet temporaire d’accentuer le chômage et donc la mendicité. Le 2 mai le conseil se souvient enfin de l’existence du train mais c’est pour constater qu’il n’existe toujours pas de route reliant la gare à la ville.

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Le passage à la Roche-Maurice.

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L’arrivée à Landerneau. Le train se cache en haut, à droite, au dessus du toit de l’église Saint-Houardon.

Par contre à Brest l’accueil a été grandiose. Depuis le début avril tout était fin prêt. Un train spécial amenant les principaux administrateurs et hauts fonctionnaires de la Compagnie de l’Ouest était entré en gare le 18 avril. Les festivités commencèrent le 25 avril. Une foule énorme, accourue de toute la région, déferla sur la ville. Il ne restait plus une place dans les hôtels et les auberges, à tel point que le préfet maritime doit mettre à la disposition des visiteurs les cent lits d’un dortoir de pupilles de la Marine.

La presse parisienne avait dirigé sur Brest ses reporters les plus connus : Théophile Gautier fils, les Brestois Zaccone et Gouzien … À 17h20 train spécial entrait en gare; le ministre des Travaux publics, du Commerce et de l’Industrie, Arnaud Béhic, représentant l’empereur en descendit. Il était accompagné du vice-président de la chambre des députés, de sénateurs, du directeur général des points et chaussées, des préfets des départements bretons et de divers élus. Le maire, Bizet, accueillait les personnalités.

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Inauguration de la gare de Brest

On procéda tout d’abord à la cérémonie de la bénédiction des locomotives qu’on avait baptisées du nom de “Paris” et “Brest”. C’est avec des accents lyriques que le chroniqueur du journal “l’Océan” rend compte de l’événement :

“La cérémonie a été ouverte par un discours de M. l’archiprêtre curé de Saint-Louis, sur l’harmonie qui doit régner entre la religion, la science et l’industrie; puisque tous les progrès se tiennent, et qu’il n ‘v a de vraiment solides que ceux qui ont Dieu pour principe et pour dernier terme.

Deux locomotives, parées de fleurs et de guirlandes, ont été amenées par le chef de gare, se sont avancées doucement pour s’incliner en quelque sorte devant l autel et le vénérable prêtre et Jésus-Christ.

À ce spectacle, tous les assistants ont été saisis d’un profond respect. Les deux locomotives étaient là comme deux fiancées qui venaient recevoir la bénédiction de leur union avec l’océan, comme autrefois, à Vénise, le doge, à son avènement, épousait la mer Adriatique. ”

Un banquet réunit ensuite l’ensemble des officiels suivi à 20 h 30 d’une retraite aux flambeaux partant du Champ de Bataille. Les édifices publics s’illuminaient ainsi que les rampes du Port Napoléon. La soirée s’achevait par des bals sur le Champ de Bataille et le quai Jean-Bart.

Le lendemain la fête commençait par une distribution de viande aux indigents. Le grand moment de la journée fut le lancement de la frégate “La Gauloise”. Un gigantesque feu d’artifice clôturait la journée : 1 000 feux de couleur dessinaient un temple du progrès surmonté de l’aigle impérial. Sur l’entablement se détachaient les deux mots : “Vive l’Empereur”.

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La”Gauloise”

Troisième jour de liesse avec encore une distribution de viande pour calmer les affamés et après le pain : les jeux. Ce sera une cavalcade historique représentant l’entrée à Brest des ambassadeurs du Siam en 1687. P. Blanchard, journaliste à l’ “Illustration”, n’est pas déçu :

“Beaucoup de Chinois aux costumes authentiques, beaucoup de mousquetaires de Louis XIII et Louis XIV, des gardes françaises, des Syriens, des Bédouins, un char de la Marine monté par les pupilles, cette nouvelle institution si populaire déjà à Brest; d’autres chars transportant des musiciens, l’emblème de l’abondance, etc … ont parcouru les principales rues de Brest pendant une partie de la journée. Il y avait un char de la Bretagne accompagné de biniou national et portant à son sommet, à la hauteur d’un premier étage, un magnifique bœuf blanc qui semblait assez étonné de sa nouvelle position. J’attendais ce char avec beaucoup d’impatience car dans ce siècle de nivellement général des costumes (j’ai vu des blouses en Espagne) je désirais pouvoir contempler encore quelques-uns des restes des vêtements de nos aïeux. Mon espérance n’a pas été trompée : c’étaient des Bretons bien authentiques que je voyais, couverts de plus de gilets que ce paysan du cirque-olympique, qui finit par se trouver vêtu d’une tunique pailletée d’or lorsqu’il les a tous ôtés; les joueurs de biniou étaient passés maîtres, et en les écoutant je me demandais de quel pays est originaire cet instrument, qui est également national en Écosse, en Auvergne et à Rome. Aux archéologues de résoudre la question. “

Le soir, à la Halle aux Blés, un bal, par souscription au profit des pauvres, clôturait ces trois jours de fête.

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Dès le lendemain, des trains réguliers reliaient Brest à la capitale.

On quittait le port du Ponant à 7 heures du matin pour atteindre Paris à 23h40. En première classe le prix du billet était de 69,80 F, en 2° classe de 52,35 F et en 3° classe de 38,40 F. Par comparaison, les prix en diligence étaient de 90,50 F, 85,50 F et 18,50 F pour les trois classes.

Deux voies pénétraient alors la Bretagne. Jusqu’à Brest par le Nord et jusqu’à Quimper par le Sud.

UNE DATE A RETENIR :

Les deux métropoles finistériennes sont reliées en passant par Châteaulin le 16 décembre 1867. Rendez-vous dans deux ans pour les 150 ans de la voie Landerneau-Quimper !

voir à ce sujet : La ligne de chemin de fer Landerneau-Châteaulin

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Le viaduc dit “de Daoulas”
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La suite de cette histoire peut être lue sur Wiki-Brest

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