Bruxelles ouvre une procédure contre la centrale à gaz de Landivisiau.

Par , 28 janvier 2016 10 h 58 min

La Commission met en doute les conditions de l’appel d’offres remporté par un consortium Poweo-Direct Energie et Siemens, au prix d’une subvention pouvant atteindre 40 millions d’euros par an pendant vingt ans. La Commission européenne ouvre une procédure contre le projet de centrale à gaz de Landivisiau, en Bretagne. Elle met en doute les conditions de l’appel d’offres remporté par la Compagnie électrique de Bretagne (CEB), une société créée par Poweo-Direct Energie et Siemens, pour construire et exploiter un site de production d’électricité de type cycle combiné gaz à Landivisiau, dans le Finistère.

PAR JADE LINDGAARD ARTICLE PUBLIÉ par Médiapart LE MERCREDI 27 JANVIER 2016

Commission Européenne.

C’est une mesure préalable à une éventuelle procédure d’infraction. Décidée en novembre, cette procédure de contrôle d’une aide d’État, selon la terminologie bruxelloise, vient d’être publiée sur le site de la Commission, signal du lancement formel de la procédure. Elle devrait être publiée dans quelques jours au journal officiel de l’Union européenne. L’État français aura alors un mois pour répondre aux questions de l’Union européenne.

Décidé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, alors qu’Éric Besson était ministre de l’énergie, le projet de centrale à gaz de Landivisiau suscite beaucoup de critiques. Alors que le secteur du gaz est en pleine crise, la viabilité financière de la future unité repose sur le versement d’une subvention publique pouvant aller jusqu’à 40 millions d’euros par an pendant vingt ans, soit l’équivalent de 800 millions d’euros au total. Cette aide promise par le gouvernement à la future centrale est au coeur du litige avec la Commission européenne, qui « ne peut pas exclure que la compensation retirée par le lauréat de l’appel d’offres n’excède pas ce qui est nécessaire pour couvrir tout
ou partie des coûts occasionnés ».

Bruxelles pense également que l’octroi préalable d’une subvention sur vingt ans à ce projet de centrale à gaz est « discriminatoire » à l’égard d’autres technologies : turbines à combustion, effacement, interconnexion, stockage. Par ailleurs, la décision
européenne considère que « les autorités françaises n’ont fourni aucun élément montrant qu’il y a eu un problème de sécurité d’approvisionnement en Bretagne dans le passé, même en cas de températures exceptionnellement basses ». Par conséquent, « la Commission a des doutes sur la nécessité d’installer en Bretagne un moyen de production d’environ 450 MW ». C’est l’un des arguments des opposants au projet d’installation, qui la jugent inutile et contraire à la nécessité de réduire l’offre et la demande d’électricité dans le contexte de la transition énergétique.

Dans ces conditions, pour la Commission, cette centrale risque d’aggraver le problème de l’alimentation électrique de la Bretagne, en fermant le marché aux investissements qui ne bénéficient pas du soutien de l’État. Initialement prévue entre 2015 et 2016, la mise en service de la centrale à gaz de Landivisiau n’est plus envisagée avant 2018.

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