Lignes TGV. La gare de Landerneau hors-circuit ?
Noeud finistérien majeur, premier arrêt TER de Bretagne, la gare pourrait-elle tomber de haut dans les prochaines années ? Un scénario redouté par les militants locaux d’Europe Écologie les Verts, à la lecture des projets. (Le Télégramme)
Christophe Winckler et Dominique Micolod, militants d’Europe Écologie-les Verts du pays de Landerneau-Daoulas, voient d’un très mauvais oeil les projets de modernisation des lignes à grande vitesse bretonnes qui se dessinent. « La consultation publique en cours sur l’avenir du TGV a amené Réseau ferré de France (RFF) à proposer trois scénarios concernant les lignes bretonnes, avec pour corollaire de relier Brest et Quimper à Paris en moins de trois heures », à l’horizon 2030. Outre le désaccord fondamental d’EELV à un programme « napoléonien qui veut tout ramener à Paris, au détriment du développement du transport de proximité et interrégional », les deux hommes s’érigent contre l’option de « shunter Landerneau ».
Nouvelle voie au nord
Pour tenir l’objectif des trois heures, le TGV ne devra pas s’arrêter dans plus de deux gares entre Rennes et Brest. Morlaix et Saint-Brieuc tiennent la corde. Mais le plus grave, aux yeux des militants, c’est que le TGV pourrait tout simplement ne plus passer à Landerneau. « L’un des trois scénarios (le bleu) suggère, pour gagner seulement cinq minutes, de créer une nouvelle ligne entre Morlaix et LanderneauNord. Où est cette gare ? »
Nouvelle voie à l’ouest
L’interrogation devient inquiétude quand, au même moment, le réseau Investir en Finistère ressort un document de travail qui préconise de passer le trafic TGV par le nord de Landerneau. Cette même association de chefs d’entreprises qui soutient l’idée de créer une sorte de ligne RER entre Brest et Quimper, via la construction d’un nouveau pont sur l’Élorn (estimé tout de même à 1,2 M€) pour rapprocher les deux plus importantes villes du département à 20 minutes l’une de l’autre. Ce, en s’appuyant sur une nouvelle gare TGV sur le site de l’aéroport. Voilà qui contournerait Landerneau par l’ouest.
Patrick Leclerc : « Pas lieu de s’inquiéter »
Où est le problème si une vingtaine de TER quotidiens continue de relier la cité de la Lune à Brest en seulement onze minutes, puis Paris, un jour, en trois heures ? Pour Christophe Winckler, la fin du TGV porterait un rude coup à l’attractivité du TER et, par ricochet, à la dynamique démographique et économique du territoire. Les deux militants aimeraient que les élus du territoire de Landerneau-Daoulas se prononcent sur le dossier LNOBPL (*). Précisément, Patrick Leclerc assure qu’il n’y a « pas lieu de s’inquiéter ». Le maire de Landerneau prête un crédit limité au document d’Investir en Finistère. Concernant les pistes de RFF, l’élu du pays de Brest a une lecture plus rassurante : « La gare de Landerneau reste dans les projets. Il est vrai que moins de TGV s’arrêteront, mais cela n’entravera pas l’activité du TER ». Discuté ce soir, en conseil municipal, à la faveur d’une motion déposée par Frédéric Le Saout (Dynamique d’Avenir), le sujet pourrait revenir sur la table du conseil communautaire, « sous la forme d’une contributon », la semaine prochaine. * Liaison nouvelle Ouest Bretagne -Pays de la Loire
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La motion déposée au conseil municipal par Frédéric Le Saout pour Dynamique d’Avenir :
Motion proposée au Conseil municipal du 05/12/2014
Les Élus de Landerneau disent non au projet de shunt de la gare de Landerneau.
Réseau Ferré de France propose jusqu’au 3 janvier 2015 un débat public portant sur les nouvelles liaisons ferroviaires pour la Bretagne et les Pays de la Loire (LNOBPL). Pour alimenter le débat, RFF propose trois scénarios ainsi que des ajouts possibles.
Un des ajouts possibles est la création d’un nouveau tronçon à l’ouest de Morlaix. Ce tronçon partirait de Morlaix pour rejoindre Brest. Pour les brestois, le gain de temps serait de 5 minutes pour un coût d’investissement de plus de 500 millions d’euros.
Par délibération du 21 novembre 2014, BMO a opté pour la réalisation de cette option en couplant sa réalisation avec un trajet Brest-Rennes ne comportant que deux arrêts intermédiaires (Saint-Brieuc et Morlaix).
Le conseil municipal de Landerneau constate que la réalisation de ce tronçon aurait pour conséquence directe de shunter la gare de Landerneau. Cela serait tout à fait contraire aux intérêts de ses habitants et ceux des communes voisines. En effet, shunter la gare de Landerneau contraindra nos concitoyens à réaliser un détour par Brest. Ce serait donc, pour les landernéens, une augmentation du temps du trajet ainsi qu’une augmentation du tarif du billet.
Pour ces raisons, le conseil municipal de Landerneau s’oppose fermement à la mise en œuvre d’un tel scénario.
Favorable au développement du réseau ferré, il soutient les projets visant à un meilleur maillage de proximité, et demande en particulier la poursuite des travaux de rénovation de la ligne Brest-Quimper et sa mise à 2 voies pour une partie de son trajet, ce qui permettrait de doubler les cadences.
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Texte adopté à l’unanimité, Le télégramme du 8.02.2014 :
“Le conseil municipal s’oppose à un scénario de tracé shuntant la gare de Landerneau et réaffirme se volonté de conserver les arrêts de TGV actuels.”
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La suite du débat
Landerneau. «Les trains passeront toujours par la gare»
Depuis quelques jours, la polémique concernant le shuntage, ou pas, de la gare de Landerneau, à l’horizon 2030, enfle. Réseau ferré de France, entreprise propriétaire, répond clairement : « Les trains passeront toujours par Landerneau ».
« Comment peut-on faire pour que le temps de trajet en train soit plus court sur un secteur, sur certaines liaisons ? Comment améliorer la fréquence ou le nombre de trains par heure et par sens, au départ de grandes villes, comme Rennes ou Nantes ? ». Telles sont les problématiques ? soumises au débat public jusqu’au 3 janvier ?, auxquelles veut répondre le projet, intitulé « Liaisons nouvelles Ouest Bretagne-Pays de la Loire », rappelle Marie-Paule Hennuyer, chargée de concertation pour Réseau ferré de France (RFF). La page 115 du rapport du maître d’ouvrage serait le point de départ de cette polémique.
« Trois scénarios ? mauve, bleu et vert ? y sont proposés comme base de réflexion et d’expression. Mais rien n’est arrêté ». Un mix serait encore envisageable. « Au-delà de ces trois scénarios, nous avons regardé des ajouts possibles, des compléments pour créer des sections de lignes nouvelles, à l’ouest de Morlaix et de Lorient. Nous l’avons schématisé. Si l’on s’arrête aux aspects schématiques, inscrits page 115 du rapport du maître d’ouvrage (*), on ne va pas à Landerneau. Or, à côté, nous avons une présentation plus précise. Nous avons regardé une possible insertion depuis Morlaix jusqu’à Brest, et avant Landerneau. On passerait alors au nord de la ligne existante ou au sud. Mais on se raccorderait toujours à Landerneau ».
« La polémique n’est pas logique… »
Marie-Paule Hennuyer insiste : « Jamais on ne shuntera la gare de Landerneau puisqu’on s’y rebranche systématiquement à l’est. Nous n’avons pas fait figurer la ville de Landerneau car elle se situe à l’intersection de la ligne Brest-Morlaix et de la ligne qui vient du sud, Landerneau-Quimper. Maintenant, je ne peux pas dire que, dans ce projet de l’horizon 2030, tous les trains s’y arrêteront ». Il s’agit là d’une question politique de desserte sur laquelle Réseau ferré de France n’a pas la main. « Mais l’hypothèse est que l’on continue à desservir toutes les lignes TGV existantes ». En conclusion de ce point qui a fait débat en conseil municipal, vendredi, et qui est, également, inscrit à l’ordre du jour du conseil communautaire, demain soir, Réseau Ferré de France appuie : « La polémique qui s’est fait jour n’est pas logique au vu de l’insertion territoriale que l’on montre. Elle n’est possible que si l’on se réfère à la vision schématique du projet du maître d’ouvrage. Les trains passeront toujours par Landerneau ».
(*) Le projet Liaisons nouvelles Ouest Bretagne-Pays de la Loire est consultable sur Internet
Notre remarque : Passer au Nord ou au Sud ? On attend des précisions mais la question est : la gare actuelle de Landerneau sera-t-elle shuntée ou va-t-on nous proposer une nouvelle gare “Landerneau-Nord” ou “Landerneau-Sud” ou encore “Landerneau-Est !
Il y a un moyen d’arrêter la “polémique” : nous présenter les tracés exacts de toutes ces “hypothèses” pour qu’on puisse en débattre en amont et non pas ensuite quand tout aura été bouclé entre une poignée de “décideurs”.
Un aveu : “Maintenant, je ne peux pas dire que, dans ce projet de l’horizon 2030, tous les trains s’y arrêteront”
. Autant dire que pour rapprocher Brest de Paris il suffira de ne pas s’arrêter à Landerneau.
Que dit en réalité le dossier de RFF ?
Il parle surtout (page 115) des difficultés que présente une éventuelle variante entre Morlaix et Brest. La gare de Landerneau n’y est pas explicitement mentionnée.
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Voir aussi :
LGV Ouest. Pour un maillage ferroviaire équilibré de tous les territoires bretons.
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Ailleurs aussi on mobilise contre le “shunt” des gares de ville.
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