Grande cause nationale 2015 en Bretagne. L’abandon du projet de centrale électrique à gaz de Landivisiau.

commentaires Commentaires fermés sur Grande cause nationale 2015 en Bretagne. L’abandon du projet de centrale électrique à gaz de Landivisiau.
Par , 29 novembre 2014 22 h 27 min

“Pour soutenir les initiatives de la société, pour mobiliser tous les acteurs publics, nous avons décidé que la lutte contre le dérèglement climatique serait déclarée grande cause nationale de l’année 2015”, a dit le Premier ministre lors de son discours de clôture de la conférence environnementale.

Une bonne nouvelle pour les habitants de Landivisiau qui luttent contre la construction d’une centrale à gaz à leur porte ?

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Manifestation à Landivisiau. Particules fines avec Direct Energie : votre cancer vous dit merci !

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Voilà un projet de centrale, émettrice de gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique et de particules fines dont les effets négatifs sur la santé sont connus.

Voila un gouvernement qui annonce “soutenir les initiatives de la société” et “mobiliser tous les acteurs publics” contre le dérèglement climatique. Qui prend conscience des risques pour la santé que font courir les particules fines et qui engage la sortie du diesel.

Comment ce gouvernement pourrait-il imposer une centrale polluante à Landivisiau contre la volonté de la population de la ville ?

La Bretagne pourrait-elle être exclue de cette “grande cause nationale” ?

Personne ne peut le croire.

Alors en Bretagne, “la Grande Cause Nationale 2015”, c’est l’abandon du projet de centrale électrique à gaz de Landivisiau.

Voir aussi :

Pollution de l’air par les particules fines à Landivisiau.

Eau du Ponant. Les factures salées de la Société “Publique” Locale brestoise.

commentaires Commentaires fermés sur Eau du Ponant. Les factures salées de la Société “Publique” Locale brestoise.
Par , 21 novembre 2014 22 h 08 min

Les quatre structures fondatrices ont considéré que la création de la société devait leur permettre de retrouver la maîtrise du service public de l’eau et de l’assainissement, auparavant délégué, dans un cadre territorial cohérent et générateur d’économies d’échelle. Mais pour l’usager, le changement d’opérateur ne s’est pas traduit par une réduction du prix de l’eau.

Cette phrase est extraite du résumé du “Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Bretagne” concernant les exercices 2011 et suivants de la Société publique locale Eau du Ponant.

Voir le rapport

A Brest, SPL = Eau chère

La baisse des tarifs était l’un des arguments majeurs pour la création de la SPL. . L’estimation par les services de BMO du bilan de gestion du service de l’eau publique et de l’assainissement sur le territoire de BMO avait fait apparaître que la société privée Veolia aurait gagné 55millions d’euros en 25 ans de délégation.(voir) . L’économie de ces 2 millions de bénéfice annuels de l”entreprise privée devait logiquement permettre la baisse annoncée des tarifs.

Dans le journal des élus communistes de Brest de janvier/février 2011, Maxime Paul le “pilote” du passage en SPL l’affirmait : “La gestion publique de l’eau doit permettre une baisse du prix dès 2012”. Et pour que cela soit bien clair il ajoutait que “Les élus communistes prennent aujourd’hui l’engagement de se battre pour une baisse du prix de l’eau pour les ménages.” (souligné dans le texte).

Pourtant, sans attendre le rapport de la chambre régionale des comptes une étude de 2013 de la Confédération générale du logement (CGL), association de consommateurs, constatait, ce qui est classique, que la Bretagne reste l’une des régions où l’eau coûte le plus cher. Surtout, elle ajoutait que “Brest serait même la ville de 100.000 habitants qui afficherait les prix les plus élevés au robinet. (Pour l’année 2014, le prix du m3 d’eau facturé aux abonnés est de 4,34 euros TTC (prix moyen du m3 pour une consommation annuelle de 120 m3)

voir

Il faut dire que l’une des premières opérations de la SPL a été la construction d’un immeuble dont le prix de 6,5M€ devait naturellement se retrouver sur les factures.

La Chambre régionale des comptes faisait d’ailleurs remarquer que “l’acquisition du siège social a été réalisée dans le cadre d’une vente en l’état futur d’achèvement (VEFA), pour un montant total de 6 471 590 € HT dont 300 000 € de frais d’équipement, sans mise en compétition formalisée par des mesures de publicité. Or, il s’agit d’un contrat onéreux au sens de l’ordonnance du 6 juin 2005. Par voie de conséquence, son attribution aurait dû respecter les procédures prévues par ladite ordonnance.”

Mise en compétition ? Mais c’est justement pour éviter la publicité sur leurs choix que les élu(e)s socialistes et UMP ont concocté de concert cette création des SPL (voir).

Une SPL à la mode Veolia.

” Qu’on se le dise, la gestion de l’eau à Brest restera globalement privée et cela nous convient. C’est d’ailleurs pour cela que nous voterons (cette délibération) “, déclarait Laurent Prunier, alors président sarkozyste de l’UMP du Finistère et tête de file de la droite à Brest BMO au moment du vote du conseil municipal en faveur de la SPL. Il est vrai que cette “société commerciale” à capitaux publics fonctionne comme ses sœurs à capitaux privés.

Les élus qui siègent à son conseil d’administration n’y sont plus au titre de leur mandat électif mais comme administrateurs percevant des jetons de présence de 300 € par séance. En 2013, ces dépenses ont représenté 14 400 €.

Ils pouvaient refuser cette rémunération et considérer que leur présence entrait simplement dans le cadre de leur fonction d’élus. L’accepter c’est reconnaître leur nouveau statut : celui d’administrateur d’une société commerciale fonctionnant suivant les mêmes règles que toutes celles, du secteur privé appartenant au même secteur économique.

D’ailleurs, la SPL Eau du Ponant ayant sous-traité la fourniture d’eau et l’assainissement à Veolia, l’ancien délégataire, elle a aligné son fonctionnement sur celui de l’entreprise privée, ce que relève la Chambre régionale des comptes.

“La gestion des ressources humaines repose sur un accord d’entreprise qui reprend pour l’essentiel les dispositions en vigueur chez l’ancien délégataire et met en place une gestion unifiée des personnels quelle que soit leur origine.

Les contrats sont construits sur une hypothèse de revalorisation annuelle des charges de personnel assez élevée, 3 % pour les deux premiers exercices et 2,50 % pour les années suivantes.

L’évolution de la masse salariale s’inscrit dans le cadre d’un quasi-statut plus favorable que celui de la fonction publique territoriale, notamment en raison des avantages sociaux, qui représentent environ 12 % de la masse salariale en 2013.

L’accord d’entreprise comporte de nombreuses rigidités se traduisant par une augmentation mécanique de la masse salariale. L’évolution de cette dernière résulte également des dispositions arrêtées dans le cadre de la négociation annuelle des salaires.

Pour 2013, cette négociation s’est traduite par une augmentation, en année pleine, égale à 1,61 % de la masse salariale, hors plan de formation. ”

Si les fonctionnaires territoriaux affectés à la SPL ont toutes les raisons de se féliciter de leur nouvelle situation, les syndicats brestois des services publics qui dénonçaient une privatisation du service de l’eau voyaient juste : ” Nous allons donc assister à des recrutements éhontés de vrais faux fonctionnaires” déclarait le délégué CGT. Même son de cloche chez FO. Cet alignement salarial et statutaire sur le privé devait naturellement se retrouver sur la facture.

Ajouter à cela que “au plan fiscal, la société, malgré son caractère exclusivement public, doit acquitter les mêmes impôts que l’ancien délégataire. En 2012, l’impôt sur les sociétés et la contribution économique territoriale se sont élevés respectivement à 638 600 € et 626 096 €.”.

On aura donc compris pourquoi avec la SPL “Eau du Ponant”, faux service public et vraie entreprise commerciale, ce sont des tarifs de l’eau augmentés.

Bien des choses encore dans ce rapport, concernant en particulier la transparence.

A Lire.

Malville-Sivens. Le même drame, aussi lamentable. Une tribune de Paul Michalon.

commentaires Commentaires fermés sur Malville-Sivens. Le même drame, aussi lamentable. Une tribune de Paul Michalon.
Par , 2 novembre 2014 10 h 54 min

« Libération » publie une tribune de Paul Michalon, enseignant, frère de Vital, tué en 1977 à Creys-Malville par une grenade offensive lors d’une mobilisation écologiste.

Malville-Sivens… on recommence. Je me souviens de cette immense procession sous une pluie morne, des cirés multicolores, et, malgré tout, de cet élan qui nous portait vers le site comme un des grands buts de notre jeunesse. Je me souviens de l’hélicoptère blanc du préfet Jannin qui tournoyait, surveillant tout, recevant et donnant certainement des ordres. Je me souviens du pré auquel les premiers milliers de marcheurs ont accédé, les autres restant bloqués sur d’étroits chemins, résultat d’une habile stratégie militaire…

Je me souviens des quelques excités, peu nombreux en vérité, tenant le devant de la scène au bas du pré. Et rapidement les tirs de grenades à cadence rapide, au bruit, au souffle ou aux gaz insupportables. Puis les fusils passant à l’horizontal. Je me souviens de Manfred Schultz, main arrachée par un de ces projectiles qu’il avait eu l’imprudence de vouloir relancer, puis de Michel Grandjean, transporté en hâte, hurlant avec son pied déchiqueté. Et du brigadier Touzeau, avant-bras explosé par la grenade qu’il allait nous envoyer – mais qu’il avait tardé à lancer. Et bien sûr, je me souviens de mon cher frère Vital, perdu de vue dans le brouillard des lacrymogènes et dont j’ai dû peu après reconnaître le corps à la mairie de Morestel.

Mutisme. Je me souviens que l’on ne nous a jamais rendu le ciré qu’il portait, que l’autopsie a conclu à une « explosion » sans plus s’avancer, et le procès à un « non-lieu » ; de l’énorme scandale qui s’ensuivit, du quasi-mutisme du gouvernement – celui-ci chargeant le médiateur de la République de prononcer quelques mots de condoléances – ; et même de l’incroyable déploiement policier lors des funérailles de notre frère, comme si « l’ennemi de l’intérieur » – voire celui de l’étranger, Jannin tonnant contre les manifestants « boches » revenant occuper la région, mais si ! – était encore à craindre.

Et puis je me souviens des socialistes montant au créneau, l’occasion étant trop belle d’envoyer des bonnes salves au pouvoir giscardien… mais refusant de s’associer à nous, la famille, pour demander une loi interdisant l’usage d’armes de guerre (dont les grenades offensives) contre une manifestation – on ne sait jamais… C’était il y a bien longtemps, trente-sept ans, à Creys-Malville.

Ignorance. Aujourd’hui, sur le site de Sivens, le même drame se reproduit à l’identique, tout aussi lamentable. Je ne connais pas Rémi Fraisse mais imagine très bien ce que sa famille ressent, et dont nous nous sentons soudain si proches. Voilà où mène l’ignorance, voire le mépris, au plus haut niveau, des questions environnementales et de l’indispensable réflexion de fond, collective et démocratique, qu’elles imposent chaque jour davantage. Les citoyens moyens sont beaucoup plus en avance que leurs élus ! Voilà où mènent les vieux réflexes de « maintien de l’ordre » par la violence d’Etat, et la mise en branle de matériel de guerre contre des manifestants – fussent-ils agités. Voilà où mène l’obsession de la conquête du pouvoir sans vraie réflexion sur ce que l’on en fera. Froncer les sourcils, faire de viriles déclarations et envoyer la troupe n’est toujours pas une politique.

Et quel beau message à destination de « la jeunesse, priorité du quinquennat » ! Depuis Malville et d’autres drames similaires, les « socialistes » n’ont rien appris, rien compris, confirmant l’adage désabusé des historiens : « La seule chose que l’Histoire nous apprend, c’est qu’elle ne nous apprend rien. »

Lire aussi :

Chronique des luttes antinucléaires. Il y a 30 ans, Malville. Souvenons nous de Vital Michalon.

Les affiches d’appel à la manifestation : manifestation pacifiste !

La une de Libé après la mort de vital Michalon.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Lire aussi :

Chronique des luttes antinucléaires. Il y a 30 ans, Malville. Souvenons nous de Vital Michalon.

Voir aussi la vidéo de l’INA :

Amalgames, contrevérités… plus de trente ans plus tard, les commentaires des présentateurs n’ont pas changé de tonalité.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Affaires sensibles, l’émission du jeudi 6 novembre 2014

Vital Michalon mort pour ses idées – Creys-Malville 1977

Aujourd’hui dans Affaires Sensibles la lutte contre la centrale de Creys-Malville et le drame du 31 juillet 1977.

Ce jour-là et pour la première fois en France, un manifestant meurt lors d’une manifestation écologique. Il s’appelait Vital Michalon. Son nom est revenu dans nos mémoires et dans les lignes de nos journaux depuis quelques jours avec la mort d’un autre militant, Rémi Fraisse, contre un autre projet : le barrage de Sivens.

Creys-Malville, des bribes de souvenirs, fragments d’un passé où la lutte écologiste existait déjà mais sans la caution d’aujourd’hui, sans la prise de conscience de la nécessaire protection de l’environnement qui s’est organisée et qui a réussi à infiltrer toutes les couches de la société et tous les secteurs d’activité. Autour de Creys-Malville, c’était un combat contre un nouveau type de centrale nucléaire, au nom grandiloquent de Superphénix… un surgénérateur. La lutte fut longue, pugnace, imaginative, couronnée de succès pour ceux qui l’ont menée mais entachée d’un drame qui restera longtemps dans les mémoires des militants écologistes.

Retour aujourd’hui sur cette marche du 31 juillet 1977, avec pour témoin, notre invité : François Simon, élu Europe Ecologie Les Verts au Conseil régional Midi-Pyrénées, il a participé au mouvement de 1977, il est à Sivens aujourd’hui.

►►► Reportage à Toulouse lors de la manifestation, le 1er novembre, en hommage à Rémi Fraisse et contre le barrage de Sivens. Notre reporter Gaylord Van Wymeersch a rencontré les manifestants, notamment Gérard Onesta, élu Europe Ecologie Les Verts.

Aller plus loin

►►► Article de Libération qui met en parallèle la lutte de Malville et celle du barrage de Sivens : “Le même drame, aussi lamentable” (31/10/2014).

►►► Interviews d’Emmanuel et Danielle Michalon, frère et belle-soeur de Vital Michalon : “Mort de Rémi Fraisse : des similitudes avec le décès de Vital Michalon à Creys-Malville” (30/10/2014).

Une émission à suivre, commenter et partager sur Facebook.

Ecouter l’émission.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Sivens : la faute des gendarmes, le mensonge de l’Etat

Médiapart. 06 novembre 2014

L’État l’a su immédiatement et l’a caché : c’est bien une grenade offensive qui a tué sur le coup dans la nuit du 25 au 26 octobre Rémi Fraisse. D’après les premiers éléments de l’enquête et des témoignages de gendarmes mobiles, une longue chaîne de responsabilités a abouti à la mort de l’étudiant écologiste. Le gouvernement a tenté durant quarante-huit heures de brouiller les pistes.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Centrale électrique à gaz de Landivisiau : Question écrite de Laurence Abeille, députée EELV, à l’assemblée Nationale.

commentaires Commentaires fermés sur Centrale électrique à gaz de Landivisiau : Question écrite de Laurence Abeille, députée EELV, à l’assemblée Nationale.
Par , 29 octobre 2014 15 h 30 min

Texte de la question

Mme Laurence Abeille interroge Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur le projet de centrale à cycle combiné gaz à Landivisiau. Le pacte électrique breton signé le 14 décembre 2010 se décline en trois volets : mener des efforts importants de maîtrise de la demande en électricité, assurer un développement ambitieux de la production d’énergies renouvelables et enfin sécuriser l’alimentation électrique (production et réseaux). La construction d’une nouvelle centrale à cycle combiné gaz (CCCG) de 400 MW à Landivisiau dans le nord du Finistère vise à répondre aux exigences de ce dernier point, notamment du fait des risques de « black-out » liés aux pics de consommation électrique les jours de grand froid.

Cependant, les élus Europe Écologie les Verts (EELV) du conseil régional de Bretagne ont déjà fait remarquer que la programmation pluriannuelle des investissements de production (PPI) 2009 a fixé un objectif de 10 tranches au gaz à l’horizon 2012 en France, un objectif dépassé au 1er janvier 2013 puisque 13 groupes de CCCG étaient alors en activité. De même, ces élus expliquent que la centrale envisagée devra fonctionner au minimum 4 000 heures par an afin d’être rentable. Or un tel scénario apparaît peu probable alors que les CCCG actuellement en service fonctionnent en moyenne moins de 3 500 heures par an.

Ce point n’est pas anodin puisque le contrat avec Direct énergie-Siemens prévoit un versement de 40 millions d’euros par an sur 20 ans, soit 800 millions d’euros, en cas de non rentabilité de la centrale. Une facture qui serait en outre payée par les abonnés au gaz de toute la France, par l’intermédiaire de la CSPE.

Enfin, le collectif Gaspare a élaboré, en collaboration avec le bureau d’études et de conseil en écologie Horizons, un scénario électrique alternatif breton pour la période 2011-2025. Ce dernier démontre qu’il serait possible de satisfaire les besoins de la Bretagne sans nouvelle centrale à gaz. Fort du sérieux de ses travaux et d’une légitimité reconnue par le préfet de la région lui-même, le collectif appelle donc à la réactualisation des données du pacte électrique breton afin de tenir compte des récentes évolutions de la croissance économique et de la consommation domestique. Au vu de tous ces éléments, les élus EELV du conseil régional de Bretagne ont appelé à la signature d’un moratoire sur le projet de construction d’une centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau. Elle souhaiterait savoir quelle suite elle souhaite donner à cette requête.

Projet de Centrale à Cycle Combiné Gaz de Landivisiau. Contribution de l’association Dynamique d’avenir aux enquêtes publiques.

commentaires Commentaires fermés sur Projet de Centrale à Cycle Combiné Gaz de Landivisiau. Contribution de l’association Dynamique d’avenir aux enquêtes publiques.
Par , 29 octobre 2014 9 h 52 min

Landerneau, le 27 octobre 2014

Ce mémoire a pour objectif de contester l’intérêt de ce projet, en développant trois problématiques majeurs : les risques liés à la pollution de l’air, l’inutilité du projet et l’aberration économique qu’il constitue.

POLLUTION DE L’AIR

Pour Dynamique d’avenir, l’étude d’impact de la centrale sur la pollution de l’air et les conséquences qu’elle pourrait avoir sur la santé des habitants de Landivisiau et des environs devrait constituer un volet majeur du dossier que présente Direct Énergie (renommé pour l’occasion « Compagnie Électrique de Bretagne », sans doute pour donner une légitimité « locale » au projet…). Or nous devons faire le constat que Direct Énergie n’a pas consacré les efforts nécessaires permettant une lecture objective des risques que ferait courir la centrale aux populations sous l’aire d’influence de son panache de gaz de combustion.
Les éléments présentés par Direct Énergie ont été obtenus de façon partisane, de manière à minimiser l’impact de la centrale sur la pollution de l’air. Les exemples illustrant ce constat sont nombreux :

1 / Répartition géographique du panache des gaz de combustion

Pour minimiser l’impact de la centrale, Direct Énergie indique que les vents dominants poussent les gaz vers le nord-est, c’est-à-dire au-delà de la ville de Landivisiau. Mais le problème est que les pics de pollution interviennent justement quand les conditions météo empêchent la dispersion (absence de vent) et plaquent l’air froid au sol, c’est-à-dire en hiver lors de conditions anticycloniques. C’est justement dans ces conditions que l’air pollué stagne dans les vallées et en particulier sur la ville de Landivisiau.
En conséquence, montrer la carte des vents dominants consiste à cacher la vérité et à masquer les périodes de plus fort risque de pollution.

2 / Nombre et localisation des points de mesure pour les particules fines

Au lieu de réaliser des mesures de la qualité de l’air à plusieurs endroits, Direct Énergie n’a retenu qu’un seul point de mesures, relativement éloigné du site retenu pour le projet de centrale. Pour avoir un avis objectif et précis de l’impact de la centrale, il aurait été nécessaire de retenir plusieurs points de mesures et en particulier à proximité et au sud de la RN12. En effet, Air Breiz’h fait remarquer que la 2×2 voies est source de pollution significative de l’air par l’apport de particules fines. Les particules fines émises par le trafic routier s’ajouteront aux particules émises par la centrale, ce qui augmentera le risque encouru par la population. L’étude menée par Direct Énergie ne permet pas d’estimer la conjonction de ces deux sources de pollution.

3 / Dates retenues pour effectuer les mesures

Direct Énergie a choisi de réaliser les mesures de particules fines en mai / juin et octobre / novembre.
Or, les études menées par Air’Breiz montrent qu’en Bretagne les pics de pollutions aux particules fines sont concentrés entre janvier et mars et que les deux périodes retenues par Direct Énergie constituent les périodes les plus favorables.
Si Direct Énergie avait mené des enquêtes de façon objective, elle aurait nécessairement fait un état des lieux en période de fortes émissions de particules fines. Il aurait ainsi été possible de mesurer l’impact sur la santé des particules fines émises par la centrale et celles émises par le trafic routier.

4 / Pollutions atmosphériques liés à l’agriculture intensive

Pour mesurer l’impact sur la santé des populations lié à la construction de la centrale, Direct Énergie aurait également dû prendre en considération les particules et résidus de pesticides qui se trouvent en aérosol dans l’air que nous respirons. Il est plausible que les pesticides, les particules fines et les gaz de combustion de la centrale, puissent agir en synergie pour perturber la santé des populations. Ne pas aborder ce sujet est caractéristique d’une étude partiale.

5 / État des lieux tel que mesuré par Direct Énergie en matière de particules fines

Malgré plusieurs précautions (période de mesure, éloignement du site de mesures, etc…), les données transmises par Direct Énergie montrent qu’aux périodes les plus favorables, les mesures qu’ils ont réalisées indiquent des valeurs nettement supérieures aux objectifs de qualité retenus, et très souvent au-delà des seuils critiques.
On est donc en droit de se demander quelles pourraient être les valeurs de concentration en particules fines de l’air si les mesures étaient faites en période de pic de pollution et tenant compte de l’effet cumulatif de différentes sources de pollution : trafic de la RN12, pollution par les pesticides et impact du projet de centrale à gaz.

En conclusion, nous demandons à la commission d’enquête de souligner les graves insuffisances de cette étude, de la rejeter en l’état et d’exiger que le pétitionnaire présente à la population une étude objective portant sur un nombre suffisant de points de mesure.

Sources :

Étude détaillée produite par l’association S-eau-S :

INUTILITÉ DE LA CENTRALE

Le projet de centrale cycle combiné à gaz (CCCG) de Landivisiau a été lancé en 2010.

Pour la justier, la Région Bretagne l’a inscrite dans une «Pacte Électrique Breton». Ceci s’est fait dans la plus totale opacité (non consultation des différents groupes politiques de l’Assemblée régionale ou du CESER – le Conseil économique, social et environnemental régional). Ce Pacte Électrique Breton, dans son troisième volet dit « de sécurisation », concluait alors à la nécessité d’une CCCG dans l’aire de Brest : « L’implantation d’un nouveau moyen de production classique au nord-ouest de la Bretagne s’avère indispensable, et ce le plus rapidement possible. … Le déséquilibre structurel entre la production et la consommation bretonne expose, en effet, maintenant l’ensemble de la Bretagne à un risque généralisé d’écroulement de tension (blackout) … Le moyen de production le plus adapté techniquement, écologiquement et économiquement, permettant à la fois de constituer un appoint pour l’équilibre du réseau et d’être mobilisable à la pointe, est un cycle combiné gaz (CCG). »

Il est important de noter que ce projet de centrale à gaz était initialement prévu pour fournir une énergie de pointe, c’est-à-dire en fonctionnant environ 200 heures par an, lors des pics de consommations hivernaux dus notamment au chauffage électrique. Or, le projet de centrale est aujourd’hui passé au stade de centrale de semi-base, c’est-à-dire devant fonctionner au minimum 4000 heures par an, soit près de 11 heures par jour pendant 365 jours, et ce pour une question de rentabilité !

De plus, et même en admettant ce nouveau statut de semi-base pour le projet de CCCG de Landivisiau, des données récentes indiquent que la construction de cette centrale ne trouve plus de justification. Le « Scénario électrique alternatif breton », établi par le collectif GASPARE, s’appuie sur les dernières publications institutionnelles pour démontrer l’absence de besoin d’un moyen de production supplémentaire en Bretagne d’ici 2020.
Les projections d’évolution de la consommation électrique, ainsi que du parc de production, ont été actualisées :
• L’augmentation de la consommation électrique entre 2009 et 2020 passe de 19% à 8% ;
• Les pointes annuelles de consommation passent de 5200 MW à 5 000 MW en 2020.
• Le parc de production installé et les capacités d’effacement de consommation passent de 4 180 MW à 4 945 MW en 2020. Cette correction prend notamment en compte le maintien en fonctionnement des turbines à combustion de Brennilis et Dirinon.
Des simulations de l’équilibre entre l’offre et la demande électrique dans les pires conditions que pourra rencontrer la Bretagne d’ici 2020 montrent que la sécurité d’alimentation est assurée avec ces nouvelles projections. Ainsi, l’urgence à développer un nouveau moyen de production dans le Finistère n’est pas établie.

L’un des objectifs du débat national sur la transition énergétique est d’assurer la faisabilité technique de l’engagement gouvernemental, qui vise à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% en 2025. Selon RTE (réseau de transport d’électricité), la moitié des réacteurs de l’Ouest devrait alors fermer entre 2020 et 2025.
Deux tiers de la consommation de la Bretagne étant fournie par ces réacteurs, cette décision joue directement sur sa sécurité d’alimentation. Signé avant la décision de réduire la part du nucléaire, le Pacte Électrique breton est muet sur cette problématique.
Pourtant des solutions existent. Les chauffages électriques les moins performants (et en premier lieu ceux à effet Joule, communément appelés « grille-pain ») peuvent être remplacés par des dispositifs à la fois plus efficaces énergétiquement et moins consommateurs en électricité.

D’autre part, s’appuyant sur des atouts régionaux substantiels, le développement des énergies renouvelables ainsi que l’interconnexion de la Bretagne avec l’Irlande et le Royaume Uni peuvent permettre d’assurer la sécurité d’alimentation. Le solde des importations ne représenterait plus que 20% de l’électricité consommée en 2025, contre 90% aujourd’hui.

Sources :

Le Pacte Énergétique Breton (notamment pages 4, 9 et 10 concernant la CCCG)

Le Scénario électrique alternatif breton

ABERRATION ÉCONOMIQUE

Pour construire la centrale, trois investissements majeurs sont nécessaires, qui font actuellement l’objet de trois enquêtes publiques distinctes :

1 – Construction de la centrale elle-même. Cet investissement est porté par Direct Énergie ;

2 – Construction d’une nouvelle conduite de gaz Plumergat / Pleyben permettant d’alimenter la centrale. Elle sera à la charge du contribuable ;

3 – Construction de lignes électriques à haute tension pour livrer le courant. Également à la charge du contribuable.

S’il est difficile de trouver des estimations précises quant aux coûts engagés pour la réalisation de ces trois investissements, on estime que la centrale coûterait à elle seule environ 300 millions d’euros et que le chantier de raccordement gazier entre Pleyben et Plumergat s’élèverait a minima à environ 1 million d’euros du kilomètre, soit plus de 100 millions d’euros pour la globalité du tracé.
Logiquement, la réalisation de la conduite de gaz et de nouvelles lignes électriques à haute tension sont entièrement tributaires de la réalisation de la centrale à Landivisiau. Dès lors, pourquoi avoir scindé ces trois phases d’un même projet en trois enquêtes publiques distinctes les unes des autres ? Peut-être pour permettre aux autorités de refuser la saisine de la Commission Nationale du Débat Public, qui s’effectue pour des projets évalués à plus de 300 millions d’euros ?

A ces coûts d’investissement s’ajoutera en phase d’exploitation une redevance payée par l’État de 40 000 000 d’euros / an sur 20 ans, soit une somme colossale de 800 000 000 d’euros sur deux décennies (qui plus est, reconductible une fois).
Il est bon de noter que le projet de Centrale à Cycle Combiné Gaz de Landivisiau serait le seul en France à « bénéficier » d’une telle aide publique. Sans ces subventions publiques, les autres CCCG françaises connaissent de graves difficultés financières. Le meilleur exemple en est la centrale à gaz de Toul – également propriété de Direct Énergie – mise en service fin 2012, qui a été placée en arrêt au printemps 2014 car non rentable et très récemment revendue à un fond de pension américain.
Dans ces conditions de modèle économique déficitaire, pourquoi Direct Énergie voudrait-il donc construire une nouvelle centrale à gaz à Landivisiau ? Cette manne publique de 800 millions d’euros n’est peut-être pas étrangère à cette décision…

Cette aide annuelle de 40 millions d’euros, si elle était plutôt engagée dans des chantiers de rénovation énergétique des bâtiments, permettrait sans doute de créer près d’un millier d’emplois non délocalisables dans le secteur du BTP, en plus de réduire la consommation d’énergie desdits bâtiments. En comparaison, il est permis de se demander combien d’emplois la CCCG de Landivisiau permettrait de créer en phase d’exploitation… À titre informatif, la centrale à gaz de Montoir-de-Bretagne (une unité de 435 mW, soit sensiblement la capacité prévue du projet landivisien), employait en avril 2013… 28 personnes !

Sources :

Verbund ferme temporairement ses deux centrales à gaz françaises

KKR acquiert les centrales françaises de Pont-sur-Sambre et Toul

Montoir (44) : centrale flambant neuve… à l’arrêt

En conclusion, Dynamique d’avenir dénonce des incohérences et des insuffisances graves dans le projet de création de la centrale à gaz de Landivisiau.

Tout d’abord, nous déplorons une enquête de Direct Énergie incomplète et partiale autant sur le plan qualitatif que quantitatif, et qui ne permet pas une analyse objective de l’impact de la centrale sur la santé des riverains.

En deuxième lieu, nous constatons que la nécessité énergétique de la construction de la centrale, censée assurer la sécurité électrique de la Bretagne, n’est pas établie et que toutes les pistes alternatives n’ont pas été explorées.

Enfin, nous posons clairement la question des motivations réelles de Direct Énergie, entre l’efficacité énergétique et économique affichée, au service d’un territoire et d’une communauté, et les intérêts privés de l’entreprise.
En conséquence, notre association demande aux commissaires enquêteurs d’émettre un avis négatif sur le projet de centrale présenté par la société Direct Énergie.

Dynamique d’avenir : solidarité, écologie, citoyenneté
Association Loi 1901
Contact : www.dynamiquedavenir.org

Centrale électrique à gaz de Landivisiau : un projet polluant pour l’environnement.

commentaires Commentaires fermés sur Centrale électrique à gaz de Landivisiau : un projet polluant pour l’environnement.
Par , 28 octobre 2014 22 h 24 min

Communiqué de presse de S-eau-S.

L’association S-eau-S a déposé deux mémoires auprès de la commission d’enquête dans le cadre de l’enquête publique concernant l’éventuelle implantation d’une usine électrique à gaz à Landivisiau

Le premier concernant la pollution de l’air a relevé de graves manques dans l’étude d’impact, en particulier sur la pollution par les particules fines qui peuvent provoquer une atteinte fonctionnelle respiratoire, le déclenchement de crises d’asthme et la hausse du nombre de décès pour cause cardio-vasculaire ou respiratoire, notamment chez les sujets sensibles et les enfants en bas âge.

Le second porte sur les rejets liquides. Ceux-ci, chargés de produits dont certains sont particulièrement toxiques pour les organismes aquatiques et peuvent entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement, sont rejetés sans traitement préalable dans la station d’assainissement de Landivisiau.

S-eau-S relève que, au moment ou des campagnes sont menées pour inciter les consommateurs à ne pas verser leurs déchets chimiques dans l’évier ou les toilettes, on ne peut accepter qu’un industriel soit autorisé à déverser des quantités importantes d’effluents toxiques dans le réseau d’assainissement collectif.

C’est pourquoi S-eau-S, considérant que cette usine serait un élément de pollution grave pour l’air, l’eau, l’environnement et la population de Landivisiau, demande aux membres de la commission d’enquête ainsi qu’aux autorités compétentes de formuler un avis négatif pour sa construction.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Voir aussi les deux mémoires déposés par S-eau-S.

Centrale électrique à gaz de Landivisiau. Mémoire déposé par S-eau-S sur la pollution de l’air.

Centrale électrique à gaz à Landivisiau. Rejets polluants dans la station d’assainissement.

________________________________________________________________________________________________________________________________

Panorama Theme by Themocracy