Agriculture Bio. L’alternative est là.
dimanche 17 août 2025, par Goulven Thomin

La majeure partie de la loi Dumplomb va être appliquée, mais l’acétamipride est
interdit. Autre fait positif, le débat sur les pesticides et les nuisances de
l’industrie agroalimentaire qui avait été escamoté à l’Assemblée nationale est
réapparu dans les médias, grâce à la pétition d’une jeune étudiante et à tous
ceux qui l’ont diffusée. Des scientifiques, des médecins, des citoyens soucieux
de la santé publique et de l’environnement ont pu s’exprimer. On a pu entendre,
entre autres, « pesticide », « cancer ». Claire Breteau, responsable d’une
association de malades du cancer, a particulièrement marqué les esprits à
l’Assemblée nationale, mettant en évidence l’irresponsabilité des élus de droite
et d’extrême droite.
Jusque là, depuis début 2024, quand les gros tracteurs de la CR et de la FNSEA
bloquaient une partie du pays, c’était la propagande du lobby qui rentrait dans
les cerveaux des citoyens-consommateurs.
Un des principaux éléments de langage prétend que « nos agriculteurs » n’ont
pas d’alternative à l’acétamipride, comme il n’y avait pas d’alternative au
glyphosate. En conséquence, empêcher l’utilisation de ce produit en France
fera remplacer les productions de betteraves à sucre et de noisette par des
importations étrangères de moins bonne qualité que les productions françaises,
les meilleures au monde, évidemment. Il y a une alternative qui est
expérimentée depuis des dizaines d’années et qui fonctionne aujourd’hui dans
60.000 fermes en France, ça s’appelle l’agriculture biologique. En cherchant un
peu dans les médias on peut trouver des reportages sur des producteurs de
betteraves à sucre bio. L’agriculture biologique n’a pas besoin de l’acétimipride,
elle n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques de synthèse. Ces derniers sont
pour la plupart achetés à la Russie, fabriqués en brulant une énorme quantité
d’énergie fossile.
L’agriculture biologique, surtout en circuit court, assure la fameuse
« autosuffisance alimentaire » injustement revendiquée par le lobby.
Aujourd’hui, neuf millions d’hectares sont cultivés à l’étranger pour fournir la
France.
L’agriculture biologique supprime les élevages industriels hors sols très
gourmands en soja importé, et se fournit en protéines en cultivant des
légumineuses.
Depuis la fin du siècle dernier, la filière bio s’est mise en place avec ses
paysans et leurs fournisseurs, les transformateurs et les distributeurs. Ainsi les
consommateurs peuvent agir sur le marché par le moyen le plus efficace dans
le système capitaliste : le BOYCOTT. Tout le monde mange, tout le monde
achète sa nourriture plus ou moins directement. Le mouvement bio permet à
tout le monde d’agir. Les produits issus de l’agriculture bio sont réglementés
par un cahier des charges, contrôlés et clairement identifiés en bout de chaîne.
Malgré tous les avantages que procurent les produits bio (santé, meilleur goût,
etc…), la part du marché bio ne dépasse pas les 6%. Sa marge de progression
est grande.
Une grande partie des 90% de consommateurs qui ne mangent pas bio ont les
moyens de payer un peu plus cher leurs aliments. Une étude récente du Shift
Project nous apprend que seulement 7% du budget du consommateur français
moyen sert à payer les produits issus de la ferme. C’est le chiffre d’affaire du
paysan, ce n’est même pas son bénéfice. On peut manger moins de produits
chers, comme la viande et les produits laitiers, les fruits et les légumes hors
saison. C’est meilleur pour la santé. On peut diminuer les achats de produits
transformés en cuisinant. On peut acheter directement aux producteurs au
marché et le reste dans les Biocoop, et éviter de fréquenter les galeries
marchandes de la grande distribution. On évite ainsi les produits que les
techniciens du marketing arrivent à nous faire acheter.
Manger bio ne coûte pas plus cher et peut nous faire faire des économies tout
en améliorant le revenu des paysans.
Mangeons bio, local, végétal, peu ou pas de viande et de produits laitiers, des
produits de saison, ce n’est pas nécessaire de manger des tomates toute
l’année.
Nos impôts financent à hauteur d’une quinzaine de millions d’euros le lobby
agroalimentaire français. 80% des 9 milliards d’euros de la PAC (Politique
agricole commune européenne) vont à 20% des agriculteurs, les plus gros.
Beaucoup d’entre eux n’ont pas un arbre, une haie, un talus, une praire, une
mare, une zone non cultivée et non bâtie dans l’ensemble de la surface de leur
ferme. Ces gens-là polluent, détruisent les paysages et la biodiversité, et
produisent en Bretagne 40% des gaz à effet de serre responsables du
réchauffement climatique. Ils n’assurent aucun service public, ils n’ont aucune
légitimité pour toucher des aides publiques. Leur discours est toujours celui de
la droite et du patronat, revendiquant moins d’impôts, moins de cotisations
sociales, moins de réglementations, moins d’administration.
Il serait logique que les politiques du pouvoir les laissent se débrouiller avec le
marché et réservent les fonds publics aux paysans bio qui ne causent pas de
nuisances et assurent, eux, un vrai service public, qui aide a la santé publique,
à la bonne qualité de l’air, de l’eau, à une quantité d’eau suffisante pour tout le
monde, aux équilibres climatiques, aux paysages, à l’ensemble du patrimoine
naturel, à la gastronomie et aux cultures rurales.